Surnommé « le pape de la décroissance », Serge Latouche, économiste et professeur émérite de l’université Paris-Saclay, est l’un des principaux critiques français de la notion de croissance économique. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, comme L’Occidentalisation du monde (La Découverte, 1989), critique virulente du mythe du « développement », ou L’Invention de l’économie (Albin Michel, 2005), qui retrace l’histoire de notre « imaginaire économique », dominé par un rapport utilitariste et quantitatif au monde. Retour sur le parcours intellectuel d’une figure incontournable du mouvement décroissant.
En Corse, en Bretagne, dans le Rhône ou l’Allier, des projets d’explorations minières se relancent un peu partout en France, portés par une volonté politique de « renouveau minier ». Mis bout à bout, ils témoignent de la croissance continue d’un système extractiviste insoutenable.
Dans l’arsenal capitaliste, le consumérisme est une arme lourde et de haute précision. Au cœur de ce modèle, l’achat se pose en condition de la vie en société et fait de chaque citoyen un segment de marché. En décortiquant l’histoire d’objets du quotidien, du gobelet jetable au smartphone, la chercheuse Jeanne Guien révèle ce qui les a propulsés du rang d’inventions à celui d’indispensables. En chemin, elle met à nu les stratégies du consumérisme et dessine des alternatives économiques, émancipatrices et décroissantes.
Découvrez notre recension de « Champs de bataille. L'histoire enfouie du remembrement » d'Inès Léraud et Pierre Van Hove aux Éditions Delcourt / La Revue Dessinée.
Dans les campagnes, l’extrême droite engrange les suffrages, tandis que la gauche et l’écologie semblent trop souvent hors champ. Les communes rurales, où vit un tiers de la population française, sont-elles devenues un terrain politiquement miné ? À quelles conditions écologistes des champs et gauchistes (néo-)ruraux peuvent-ils reconquérir les ruralités ?
Découvrez notre recension de « Sentir-Penser avec la Terre » de Arturo Escobar aux Éditions du Seuil.
Découvrez l'édito de notre numéro 67 « Résistances rurales : face à l'extrême-droite, comment lutter depuis les campagnes ? » par Elsa Gautier, rédactrice en chef de Socialter.
Peut-on planifier la décroissance ? Pour aller au-delà des choix individuels de simplicité volontaire et des alternatives locales, encore marginales, l’action publique peut-elle accompagner la décrue de certaines activités économiques et la descente énergétique ? Le philosophe Alexandre Monnin, auteur de Politiser le renoncement (Divergences, 2023) et l’économiste Cédric Durand, co-auteur de Comment bifurquer (La Découverte, 2024), explorent à deux voix les possibilités et les défis d’une véritable planification écologique.
Une nouvelle approche de gestion de l’eau fait son chemin en France. Fondée sur des solutions inspirées par la nature, l’hydrologie régénérative entend ralentir le cycle de l’eau pour mieux répondre aux crises à venir. Une approche qui peut se heurter aux réponses plus court-termistes.
Découvrez notre recension de « Attachements. Enquête sur nos liens au-delà de l’humain » de Charles Stépanoff aux Éditions La Découverte.
Née en Ukraine, marxiste et pacifiste, Angelica Balabanova (1877-1965) participa à tous les grands événements du XXe siècle. Celle qui est surnommée « la grand-mère du socialisme » a consacré sa vie à défendre ceux que le capitalisme exploite, dans les usines ou sur les champs de bataille.
À l’heure où 56 % de la population mondiale est concentrée en ville (une proportion qui devrait grimper à 66 % en 2050), le destin de l’humanité semble résolument urbain. Mais une telle concentration humaine peut-elle se maintenir dans ces espaces énergivores et polluants, complexes et vulnérables aux crises qui se multiplient ? Pour les penseurs de la décroissance, qu’ils soient économistes, géographes, architectes ou philosophes, la solution se trouve hors des métropoles, et notamment dans le modèle biorégional. En prenant la clef des champs, se déploie une autre manière d’habiter le monde dans le respect de ses limites.
De la pervenche de Madagascar, plante miracle utilisée dans le traitement contre le cancer, à l’huile d’argan marocaine, qui a fait la fortune des industries cosmétiques, l’appropriation occidentale du vivant et des savoirs traditionnels est aussi vieille que les voyages de Christophe Colomb en Amérique. Partout dans le monde, des membres de la société civile et des paysans luttent contre ce pillage génétique mondial.
Au XXe siècle, entre un et quatorze millions d’agriculteurs et de bergers ont été expulsés des aires protégées africaines, sur les injonctions de l’Unesco, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ou du World Wide Fund for Nature (WWF). Cette histoire continue aujourd’hui : dans les parcs africains, des millions d’habitants sont chassés, violentés, criminalisés. Pourquoi ? Car au lendemain des indépendances, les experts coloniaux de la conservation sont restés en Afrique. Et ils ont continué à la naturaliser, coûte que coûte.
Découvrez notre recension de « Ainsi l’Animal et nous » de Kaoutar Harchi aux Éditions Actes Sud.
Traiter des patients atteints de dépression sévère, d’alcoolisme, d’addiction au tabac ou encore de stress post-traumatique grâce à un « trip » assisté sous psychédéliques est-il la nouvelle tendance au sein de la psychiatrie contemporaine ? En parallèle de réels espoirs thérapeutiques, les obstacles pour que la médecine psychédélique se généralise demeurent nombreux.
La dette au XXIe siècle est le lieu d’un paradoxe saisissant. Parvenir à financer massivement la bifurcation écologique et ancrer nos sociétés dans un régime de décroissance suppose un endettement massif. Mais, pour ne pas ployer sous le poids des intérêts associés, il est indispensable de penser la monnaie après la dette, comme le suggèrent plusieurs travaux récents d’économie.
En mai 2024, l’association Eau et rivières de Bretagne a publié une contre-enquête sur la qualité des eaux de baignade du littoral français et un classement des plages bien plus sévère que celui établi par les pouvoirs publics. Un succès national qui doit beaucoup au parcours du vice-président de l’association, Christophe Le Visage, passé sur le tard des bureaux ministériels à l’engagement associatif local. Rencontre chez lui en Finistère Nord, avec vue sur le rivage idyllique d’une plage bretonne pourtant polluée.
Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains et l’extrême pauvreté, Olivier De Schutter a remis à l’ONU en juin 2024 un rapport intitulé « Éliminer la pauvreté en regardant au-delà de la croissance ». Dans ce document, il affirme que la croissance du PIB ne permet pas, contrairement à ce que soutient la doxa libérale, de sortir les populations de la misère. Le temps est venu selon lui de repenser radicalement la lutte contre la pauvreté. Entretien.
« L’écologie décoloniale est un cri multiséculaire de justice et d’appel de monde », écrivait Malcom Ferdinand en 2019. L’écologie décoloniale s’inscrit en effet dans l’héritage de luttes mêlant l’impératif écologique à celui de justice pour les peuples colonisés et opprimés. Des manifestations pionnières pour la justice environnementale aux États-Unis au récent procès de Tran To Nga contre les fabricants de l’agent orange, retour en images sur six de ces combats emblématiques.