Protection
DOMAINES. Dans un contexte de catastrophe naturelle, de conflit, de migrations, on entend souvent parler de protection. De quoi protège-t-on les populations vulnérables ? Comment ? Qui se charge d’assurer cette protection ?
Contexte
Qu’est-ce que la protection ?
Pour définir la protection, on peut se référer au projet Sphère, qui « constitue l'un des ensembles de principes communs et de standards universels minimaux des domaines de l'intervention humanitaire destinés à sauver des vies » et notamment sa « Charte humanitaire et standards minimums de l'intervention humanitaire ». Dans cette charte, il est précisé que la protection, dans le cadre de l’aide humanitaire, correspond à un ensemble d’actions visant à porter assistance aux personnes touchées par une catastrophe naturelle ou d’origine humaine (conflit, guerre).
On peut aussi s’appuyer sur la définition faite par OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, bras du Secrétariat de l'ONU chargé de rassembler les acteurs humanitaires pour intervenir de façon cohérente dans les situations d'urgence. OCHA précise que le but de ces actions est de protéger les individus de toute souffrance psychologique ou physique, de préserver leur dignité et de faire respecter leurs droits conformément au droit international, aux droits de l’Homme et au droit des réfugiés. Tout cela doit se faire sans aucune discrimination de genre, d’âge, d’origine sociale, nationale, religieuse, ethnique et autre.
La protection désigne aussi toutes les mesures mises en place par les ONG afin de ne pas nuire davantage aux populations en difficulté lors de leur mission. Cela implique d’évaluer régulièrement le contexte et de réfléchir sur l’environnement dans lequel l’aide est fournie. La « Charte humanitaire et standards minimums de l'intervention humanitaire » précise quatre principes de protection de base qui doivent guider toute action humanitaire :
- « Éviter d'exposer à d'autres préjudices, par [les activités de l’ONG], la population touchée par une catastrophe
- Garantir l'accès des personnes touchées par une catastrophe à une assistance impartiale, proportionnelle à leurs besoins et fournie sans discrimination
- Protéger la population touchée par une catastrophe contre toute souffrance physique et psychologique résultant d'actes de violence ou de coercition
- Aider les personnes touchées par une catastrophe à faire valoir leurs droits, à accéder aux moyens à disposition pour obtenir réparation et à se remettre des effets des abus qu’elles ont subis ».
Les quatre principes de protection découlent du résumé des droits présentés dans cette Charte: « le droit de vivre dans la dignité, le droit à l'assistance humanitaire, et le droit à la protection et à la sécurité».
La protection, c’est donc aussi veiller au respect des droits de l’Homme, au soutien et à l’assistance des populations comme le mentionne la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme). Cette ONG promeut la justice internationale et milite pour la protection et la défense des droits de l’Homme (droits de la femme, des migrants, des homosexuels et bisexuels (LGBTI)).
Enfin, la protection se réfère plus spécifiquement à toute intervention qui a pour objectif de répondre aux violences et abus qui portent ou risquent de porter atteinte à l’intégrité physique ou psychique des individus. Ces atteintes peuvent se matérialiser à travers une violence, un abus ou une pratique discriminatoire faisant référence à la contrainte et à la privation arbitraire de droits, que ce soit en public ou dans la vie privée. Ces violences, abus et pratiques discriminatoires s’expriment par exemple par des agressions intentionnelles physiques et/ou psychologiques mais peuvent également relever de la négligence par exemple dans les contextes humanitaires. Elles peuvent entrainer la mort, des incapacités temporaires et/ou irréversibles génératrices de handicap, et mettent en péril la sécurité, la cohésion sociale et le développement des individus et des communautés. Dans ce cadre, les projets peuvent par exemple répondre à des problématiques de protection de l’enfance (enfants maltraités, abandonnés, victimes de violences sexuelles), ou de lutte contre les violences liées au genre (violence sexuelle, violence domestique, mariages précoces, excision).
Par exemple, Handicap International – Humanité & Inclusion mène le projet ‘Ubuntu-Care’ au Kenya, Burundi et Rwanda qui vise à prevenir et répondre aux violences sexuelles faites aux enfants, et particulièrement aux enfants handicapés.
Evolution
La protection est un pilier majeur de l’aide humanitaire et a toujours été au cœur des préoccupations des ONG et associations de solidarité. Ces acteurs se basent sur différents textes officiels comme, entre autres, la Déclaration universelle des droits de l'Homme (1948), la Convention relative aux droits de l’enfant (1989), la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (1979), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) ou encore le protocole de 2000 se rapportant à la convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés.
C’est en 2011 que le Projet Sphère, auquel ont contribués 650 experts et plus de 300 organismes, ajoute dans sa charte humanitaire un chapitre sur la protection, avec des directives à suivre afin que les organisations d’aide humanitaire apportent la meilleure aide possible aux personnes en difficultés sans leur nuire davantage.
Acteurs
En cas de catastrophes naturelles ou humaines, le gouvernement du pays touché est tenu d’assurer la protection des civils. Lorsque celui-ci ne peut offrir une aide et une sécurité suffisante, les ONG et associations apportent protection aux victimes, aux niveaux physique, psychologique que juridique. Elles sollicitent les Etats quant à la protection des droits et à la sécurité de leurs citoyens. Enfin, les fédérations, les institutions internationales ou encore les organisations intergouvernementales peuvent agir sur le terrain avec les ONG, analyser la situation et proposer de nouvelles solutions afin d’améliorer l’aide aux bénéficiaires.
Exemples :
Amnesty International : Mouvement mondial en faveur du respect des droits de l’être humain et de défense des victimes des violations de ces droits.
OCHA : Organisme faisant partie des Nations Unies, responsable de la coordination des affaires humanitaire, de la politique de développement et du plaidoyer humanitaire.
FIDH : ONG fédérative « dont la vocation est d’agir concrètement pour le respect de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 » (Wikipédia)
HCR : agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a pour but de protéger les réfugiés et de trouver des solutions durables à leurs problèmes.
UNICEF : agence des Nations Unies pour l’enfance qui a pour but de protéger les droits des enfants.
Métiers
La plupart des métiers impliqués dans un programme humanitaire ont ce souci de protection envers les bénéficiaires, à commencer par les métiers du corps médical et du domaine juridique. Les métiers de la santé mentale et du secteur social sont également concernés par les projets de protection de l’enfance et de lutte contre les violences liées au genre. Pour ce qui est des métiers spécifiques à l’humanitaire, l’administrateur, le chef de mission ou encore le coordinateur des secours d’urgence vont agir plus particulièrement pour la protection des personnes vulnérables.
Exemples : Coordinateur des secours d’urgence, Human Rights Officer, coordinateur de projet, médecin, infirmier, juriste, etc.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans la rubrique "En faire mon métier"
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